L’ÉVOLUTION DU RÔLE FÉMININ AU SEIN DE LA FAMILLE

L’ÉVOLUTION DU RÔLE FÉMININ AU SEIN DE LA FAMILLE

Il existe un lien immuable entre le travail et la famille. En effet toute action concernant l’un a une interaction sur l’autre et réciproquement. Et si on veut assurer une réelle égalité professionnelle il faut en même temps approcher une réelle égalité familiale.

Comment se fait-il qu’après tant d’années de lutte contre les inégalités hommes/femmes, en particulier dans la sphère du travail et de l’emploi, la question soit encore d’une grande actualité ? Pour comprendre la situation présente , il est nécessaire d’analyser le passé récent.

La sociologue Marie-Agnès Barrère-Maurisson, chercheuse du CNRS, distingue trois périodes historiques de la place des femmes dans le travail et dans la famille.

Les trois dernières décennies du xxe siècle ont enregistré des changements majeurs dans les relations liant le travail et la famille, à travers trois modes de régulation distincts.

 

Le « familialisme »: l’homme travaille et la femme a un emploi d’appoint.

Dans les années 1960 et 1970 c’est la fin de l’hégémonie séculaire où seul l’homme travaillait et la femme s’occupait du foyer. Les femmes plus nombreuses sur le marché du travail conquièrent leur indépendance économique mais surtout l’indépendance du statut de la femme. Du côté de l’emploi l’intégration

massive des femmes a modifié le rapport des femmes au travail, on est passé du travail « féminin » , comme s’il était spécifique, au travail des « femmes » signifiant le changement du comportement des femmes en matière d’activité professionnelle. Les femmes sont sorties de la famille pour entrer dans le marché du travail ; le développement du secteur tertiaire offre aux femmes différents types d’emploi, stables dans le public ou le parapublic et plus flexibles dans les commerces et les services. Dans cette période l’objectif sociétal est la préservation de la famille : réforme des régimes matrimoniaux en 1965, réforme du divorce en 1975, contraception, adoption, avortement.

Le « féminisme » ou le développement du travail à temps partiel féminin.

Les années 1980 où le marché du travail commence à se dégrader sont caractérisées par le souci de rééquilibrer le partage des tâches au sein de la famille et promouvoir l’égalité professionnelle, dans un contexte où les femmes sont davantage touchées par le développement des emplois plus flexibles. Le travail des femmes continue de progresser: 60% des femmes mariées étaient professionnellement

inactives en 1970 contre 30% à la fin des années 1980. Cette transformation est marquée par la loi sur l’égalité professionnelle entre hommes et femmes en 1983 et par la création d’un ministère du droit des femmes.

 

Le parentalisme ou la la vie en travail précaire.

Depuis les années 1990 le secteur tertiaire continue de créer des emplois mais parallèlement la flexibilité se développe a travers les emplois à durée déterminée (CDD) et les emplois à temps partiel, plus spécifiquement destinés aux femmes, qui priment dans le domaine des nouveaux services. En 1990 le travail à temps partiel représentait un emploi sur huit, en 2000 c’est un emploi sur six et même un emploi sur trois pour les femmes. Du côté de la famille le phénomène de double activité dans les couples est acquis ; la proportion de femmes actives âgées de 25 à 49 ans est passée de près de 50% en 1970 à 84% en 2010. Les mères elle-mêmes sont majoritairement actives : c’est le cas de deux mères de deux enfants sur trois et de la moitié des mères de trois enfants ou plus. Mais les difficultés à concilier ce double rôle et la plus grande autonomie financière de chaque partenaire entrainent une multiplication des divorces, de 12% en 1970 à plus de 45% aujourd’hui. Une nouvelle forme familiale se développe : la monoparentalité. Le droit de la famille est axé sur la préservation du lien du parent avec l’enfant, seul repère par rapport à une structure familiale devenue instable : loi sur l’autorité parentale conjointe en 1983, PACS en 1999, congé de paternité en 2001, coparentalité en 2002, simplification du divorce en 2004, loi sur l’adoption en 2012.

Lcs salariés en situation précaire, intérimaires, CDD, saisonniers, apprentis qui travaillent dans le domaine des services, de la santé, du travail social, du commerce, de l’hôtellerie restauration sont plus exposés aux horaires décalés, tôt le matin, tard le soir, ou la nuit. Ces salariés précaires sont doublement pénalisés car ils n’ont pas accès à la prévention des risques professionnels et par la précarité de leur emploi et des contraintes horaires. Les familles monoparentales éprouvent des difficultés à exercer l’autorité parentale et le nombre de mineurs mis en cause dans des affaires pénales est passé d’environ 80 000 en 1977 à environ 200 000 en 2018.

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